Il existe aujourd’hui des points de vue différents concernant l’utilisation et l’efficacité des remèdes naturels. J’irais même jusqu’à dire qu’on peut parfois observer un réel clivage: certains sont pour, d’autres sont contre.
Le fait est qu’aujourd’hui, lorsque l’on soulève ces sujets, il s’agit souvent de devoir prendre position et de choisir le camp de la médecine moderne ou le camp de la médecine douce. Et si on changeait simplement de discours? Si, au lieu de diviser, on rassemblait le meilleur des deux mondes?
L'ouverture d'esprit
Bien souvent, les arguments s’articulent autour de dérives qui ont pu subvenir dans des cas isolés, que ce soient les différents scandales sanitaires qui ont secoué les industries pharmaceutiques ou encore des cas avérés de charlatanisme, d’erreur de dosage ou d’erreur de dénomination de plante d’origine chinoise.
Si on faisait en sorte d’ouvrir un nouvel espace en laissant tomber les certitudes trop circonscrites, en faisant de la place à l’empirisme et à l’intuition? Si on faisait en sorte de faire confiance à la fois aux connaissances des Anciens et aux nouvelles connaissances scientifiques pour réconcilier ces deux mondes?
L'histoire des médicaments, c'est avant tout l'histoire des plantes
À partir du XIXe siècle, un grand tournant s’opère lorsque les laboratoires parviennent à isoler les principes actifs contenus dans les plantes et à obtenir des substances pures qui présentent des qualités thérapeutiques. En Allemagne, la morphine est isolée en 1805 à partir des fleurs de pavot, en France, la quinine est isolée en 1820 à partir de l’écorce du quinquina… À partir de ce moment, on a accès à des produits plus concentrés, plus simples à utiliser et dont les dosages sont plus précis.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, le clivage «médecine par la chimie» et «médecine par les plantes» est posé, et l’utilisation directe des plantes diminue au profit de l’utilisation des principes actifs que l’on tire d’elles et, plus tard, de la synthèse chimique pure, sans même passer par les plantes.
Une question de confiance
En regardant les choses à l’échelle de l’histoire de l’humanité, on se rend bien compte que l’utilisation des plantes à des fins médicinales n’est pas une nouveauté: en y regardant de plus près, c’est plutôt l’utilisation des médicaments chimiques qui l’est. Il est dommage de rejeter des pratiques ancestrales sous prétexte qu’elles ne sont pas suffisamment appuyées par des preuves scientifiques (et, pour beaucoup, les
études existent si on prend la peine de les chercher).
On trouve des traces d’utilisation de plantes à des fins thérapeutiques dans toutes les cultures, depuis des milliers d’années, et nos ancêtres n’ont pas attendu les récentes découvertes et la naissance de la chimie pour commencer à se soigner.
Aujourd’hui, la manière dont la médecine moderne est pratiquée soulève parfois des mécontentements: effets secondaires qui surviennent à long terme, segmentation de la médecine en disciplines distinctes, traitements qui atténuent les symptômes sans forcément régler la racine du mal… Tout n’est pas rose, mais n’oublions pas que les progrès scientifiques et pharmaceutiques participent activement à l’amélioration de notre qualité de vie et à l’augmentation de l’espérance de vie.
Un engouement bien réel pour les remèdes naturels et les thérapies dites «douces »
Depuis une trentaine d’années, on assiste à un réel regain d’intérêt envers les produits d’origine naturelle, aussi bien de la part du public que des soignants et pharmaciens. La demande est croissante et le marché, lucratif: le greenwaching a même fait son apparition dans les compléments alimentaires, les produits pharmaceutiques et les cosmétiques !
Les patients se tournent également de plus en plus souvent vers des thérapies dites «douces», dans lesquelles ils retrouvent un côté plus humain, une écoute, des conseils qui prennent en compte le «terrain» et la personnalité du patient. On sent de plus en plus le désir de participer activement à notre santé, avec une réelle volonté d’amélioration de notre hygiène de vie. La santé est prise en compte dans sa globalité et est associée à la notion de bien-être: être en bonne santé n’est plus considéré comme l’absence de maladie, mais comme un état de bien-être physique, mental et émotionnel.
On veut travailler sur son «terrain» et donner au corps les meilleures dispositions pour rester en bonne santé le plus longtemps possible.
( retrouvez ici mon précédent article sur les routines à mettre en place facilement dans sa cuisine )
L’herboristerie, reléguée à un rôle préventif ?
Lorsqu’une personne nous demande conseil, c’est souvent à titre préventif, dans un but d’amélioration ou à la suite d’un rendez-vous chez le médecin dans le cadre duquel ce dernier n’a décelé aucune maladie. Sentant tout de même un inconfort, la personne décide de se tourner vers d’autres types de praticiens pour entamer, parfois, un réel parcours du combattant afin de trouver les racines de son inconfort. Dans le cadre des cursus d’études en herboristerie et en ayurveda que j’ai pu suivre, on insiste bien sur la limite de rôle préventif que doivent observer ces disciplines, car les réglementations sont très strictes et nos pratiques sont exclusivement limitées à la vente-conseil.
En Belgique, seuls les pharmaciens et les médecins sont autorisés à prescrire des remèdes à base de plantes à des fins thérapeutiques. Les pharmaciens suivent un cours de pharmacognosie générale, dans lequel ils parcourent les vertus des plantes et les méthodes d’extraction de leurs principes actifs. S’ils souhaitent en apprendre plus, ils peuvent même suivre des cours de phytothérapie en option. Les médecins, par contre, n’ont malheureusement pas de cours dédiés aux remèdes naturels. C’est assez dommage, car ce serait idéal pour concilier les différents systèmes ! Heureusement, on observe chez eux un intérêt grandissant pour les thérapies douces: je vois de plus en plus de médecins suivre des formations complémentaires en phytothérapie, en médecines traditionnelles (chinoise ou ayurvédique), en naturopathie, en aromathérapie…).
Pour les herboristes, il existe une réglementation relative à la fabrication et au commerce des préparations à base de plantes. Celles-ci entrent dans la catégorie des « compléments alimentaires». Ce document comporte une liste des plantes dangereuses qui ne peuvent pas être utilisées, une liste des plantes autorisées et soumises à notification (doses journalières recommandées…), ainsi que des règles d’étiquetage.
Ces dernières sont assez restrictives : elles interdisent « d’attribuer au produit des propriétés de prévention, de traitement ou de guérison d’une maladie et d’évoquer des propriétés similaires » ! Relégués au rang des « compléments alimentaires », les produits à base de plantes peuvent être achetés sans ordonnance dans les herboristeries, les magasins bios et même les supermarchés.
Dans le meilleur des cas, c’est un herboriste qui prodiguera des conseils avisés, mais le risque d’être mal conseillé par un vendeur non formé est bien réel. Le statut d’herboriste n’étant pas protégé ni reconnu, n’importe qui peut vendre et conseiller des produits à base de plantes.
Réunir les deux mondes
Au regard de ces différents aspects, l’ émergence d’un système favorable à la réunion des différentes pratiques «médicales» et «douces» pourrait être bénéfique pour tout le monde. En outre, elle permettrait d’éviter les dérives actuelles qui s’alimentent justement du clivage entre ces deux mondes!
Cela demanderait, au niveau individuel, que les praticiens de toutes les disciplines aient une ouverture d’esprit curieuse et bienveillante sur toutes les pratiques, mais aussi qu’ils soient en mesure de reconnaître leurs limites.
Au niveau organisationnel et réglementaire, il faudrait réussir à créer un contexte qui favoriserait le développement, la reconnaissance et la propagation de chaque discipline, notamment par les remboursements des soins (pour encourager les personnes à prendre soin de leur «terrain» et à limiter l’apparition de certaines maladies liées à l’hygiène de vie). À cette stratégie pourrait s’ajouter et la création de cabinets multidisciplinaires, au sein desquels les médecins et autres praticiens réuniraient leurs connaissances respectives et offrir aux patients une approche globale, ainsi qu’un suivi à long terme.
🗝 On possède aujourd’hui toutes les cartes pour pouvoir instaurer une médecine intégrative. Les choses évoluent, certes, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire! 💫
Retrouvez mon article dans le magazine « Plantes Médicinales » de la Guilde des Herboristes 🤎
Je suis Mélanie, l'auteure de ce blog !
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Nos trois maisons sont liées : l’habitat bien sûr, mais aussi notre véhicule, le corps, et enfin l’esprit. L’ensemble constitue notre maison intérieure.
Architecte d’intérieur, j’ai le plaisir d’accompagner depuis dix ans des personnes pour aménager leurs lieux de vie et enclencher les changements qu’elles voulaient voir dans leur vie et leur environnement.
Je me suis formée en parallèle aux soins naturels comme l’herboristerie et la naturopathie, à l’Ayurveda, aux méthodes du désencombrement, à la géobiologie au Feng Shui traditionnel…
Mon approche se veut holistique et personnelle. Je propose des accompagnements et coachings sur-mesure, qui correspondent à vos envies et vos besoins.
L’objectif ? Retrouver un bien-être global et complet. Retrouver du sens et une harmonie dans votre quotidien, pour pouvoir avancer plus sereinement sur votre chemin de vie.